La grotte

Abri sous roche du Mollendruz

Thème du jeu :

Dans un monde différent, vous êtes enfermés dehors (confinés ?). Que faites-vous ? 45 min. J’ai choisi l’univers du « Merveilleux Médiéval ».

La grotte

Cela faisait plus de 3 jours que le Mage Noir avait lancé son sort contre la ville et déjà les murailles extérieures commençaient à tomber en poussière. Le chemin de ronde n’était plus praticable et plusieurs gardes s’étaient fracassés l’échine en tombant dans les douves à sec.

Le maître du bourg avait bien tenté de nous rassurer mais en cette quatrième journée, les pierres des fondations de notre petite échoppe commençaient à s’effriter et l’ossature en bois des murs faisait entendre des craquements sinistres.

J’ai demandé à Mélisande de préparer rapidement un paquetage avec le peu de nourriture que nous avions et j’ai regroupé dans un sac les outils qui me semblaient nécessaires à notre future survie hors de la ville.

La panique n’allait pas tarder à s’emparer des citadins et de la rapidité de notre fuite dépendait nos chances de survie. Lorsque nous franchîmes à l’aube la porte ouest de la ville, ce mercredi seize décembre de l’an mil-vingt, nous n’étions qu’une poignée de familles sur le chemin en direction de la forêt de Brangeville.

Depuis notre départ, déjà des pans entiers de fortifications, dans un bruit effroyable, s’étaient effondrés vers l’intérieur de la cité et un nuage de poussière et de fumée noire d’incendie s’étendait maintenant sur la ville.

Nous étions partis à temps. À l’orée de la forêt, chaque famille pris un chemin différent, comme si le fait de vivre ensemble nous semblait dorénavant interdit par le sort du magicien maudit !

Pour Mélisande et moi, ce fut la piste laissée par un cerf qui nous guida et c’est après plus de cinq lieues d’une marche difficile que nous atteignîmes la colline. Sa partie orientale était abrupte et la roche en était apparente. Ce petit mont était peu boisé et à son pied coulait un ruisseau à l’eau chantante et limpide.

Le soleil s’était caché derrière la cime des arbres et je me mis à chercher un refuge pour la nuit. Il y avait à mi-hauteur de la paroi un abri sous roche et avec quelques branches mortes je réussis à confectionner pour la nuit une cache abritée du vent et de la pluie.

La malédiction du mage noir était très claire : « toute construction de pierre et de bois taillée par les hommes de cette ville sera transformée en poussière ». Il nous fallait donc, à la manière de nos lointains ancêtres, un abri naturel, une grotte !

Mes outils et mes armes en fer restèrent utilisables mais je dû remplacer tous les manches en bois par des os au fur et à mesure que le sort les transforma en poussière.

Je ne sais pas si le fait d’être parti rapidement de la ville permis à ce que ceux-ci dure le temps nécessaire à leur emplacement par des os longs de mammifères. Mélisande et moi étions parti chasser le cerf dès le deuxième jour de notre isolement.

Nous avons découvert notre grotte une semaine plus tard, par hasard. Son entrée était masquée par des buissons très épais mais c’est en suivant une vieille trace d’ours que nous étions tombés dessus.

L’ours devait dormir dans sa caverne. Décembre, même lors un hiver doux, est un mois où ils sont tous plongés dans un sommeil profond. Mais je n’en menai pas large quand je me glissai dans l’entrée de la grotte.

La torche que j’avais confectionné à partir d’une liane enrobée de résine de pin n’éclairait pas à plus de trois pieds et je faillis lui tomber dessus. C’était un géant et son pelage magnifique luisait dans la lumière blafarde.

J’ai longtemps hésité à lui plonger ma dague dans le cœur, mais de cet assassinat dépendait notre survie, ma femme et moi. Le pauvre mourut dans son sommeil sans réagir, sans le moindre soupir.

Nous étions sauvé maintenant, mais mon âme était définitivement perdue. Je l’avais achevé sans lui laisser la moindre chance. Je n’étais pas meilleur que le Mage Noir et la déesse Gaïa ne laisserai certainement pas mon crime impuni.

Mais ceci est une autre histoire.. 😉