Ceci n’est pas une pipe

Thème du jeu :

« Raconter cette rencontre du dehors à l’intérieur ». Plusieurs visuels sont joints au thème.

Ceci n’est pas une pipe

J’aime beaucoup Magritte. Je suis allé voir trois fois l’exposition « Magritte life Line » au musée d’Amos Rex à Helsinki en mars 2019 et j’ai visité début 2020 au musée de Lodève, l’exposition des chef-d ‘œuvres du musée d’Ixelles qui présentait également plusieurs toiles du peintre.


Magritte s’est rarement exprimé et c’est seulement lors d’une conférence à Anvers en 1938, intitulée « la ligne de vie », qu’il a révélé ses motivations. Il y développa les idées qu’il avait présenté dans un texte illustré antérieur « les mots et les images » et qui constituent un guide pour sa peinture, comme le célèbre dessin « Ceci n’est pas une pipe ».

Dans ses œuvres, Magritte nous montre que les objets et les personnages qu’il peint sont une porte directe vers l’inconscient, la pensée libérée de tout contrôle de la raison.


En regardant la photo de la toile de Magritte et celle du nuage en forme de soucoupe volante, je me suis souvenu de cette journée d’été où avec notre joyeux groupe d’ado composé de garçons et de filles de campeurs et d’habitants de Saint-Nectaire, nous étions allé au Puy d’Airaigne pour admirer les étoiles du soir.

Nous étions montés en début d’après-midi, par un sentier au milieu des bois, avec nos provisions pour le repas du soir et quelques couvertures en prévision de la fraîcheur nocturne qui est toujours présente en altitude l’été en Auvergne.

C’était une belle et chaude journée d’été et des cumulus de beau temps passaient paresseusement au-dessus de nos têtes. Allongés sur des couvertures, le regard plongé dans l’immensité bleue et blanche du ciel, nous regardions passer au-dessus de nos têtes, éléphants, cochons, monstres divers et variés et personnages célèbres.

Ce n’était plus des nuages et le ciel nous ouvrait les portes d’un monde où la seule contrainte était notre imagination et notre inconscient débridé.

Après avoir éteint le feu que nous avions allumé pour faire griller quelques saucisses piquées en bout de branches, et bien que n’ayant bu que très peu de cidre ce soir là, nous étions tous restés dans notre délire surréaliste de l’après-midi.

Le sommet du Puy d’Airaigne n’est pas boisé si bien que le panorama est assez dégagé sur une grande partie de l’horizon. Le coucher de soleil sur Murol et son château nous fit apercevoir chevaliers en armure et demoiselles cloîtrées au sommet des tours.


L’ombre envahit petit à petit les vallées et ce sont les farfadets qui s’allumèrent dans le lointain quand arriva la nuit profonde. Allongés de nouveau sur nos couvertures, d’abord Vénus et Jupiter puis toutes les étoiles scintillèrent dans le ciel sans nuage.

Le ciel était pur et la Voie lactée majestueuse se dessinait de plus en plus clairement en travers du ciel. Et les premières soucoupes volantes apparurent…

D’abord une, puis deux, puis trois, puis une dizaine. Elles se déplaçaient rapidement et s’arrêtaient net, zigzaguaient et revenaient à leurs points de départ. Cela durera plusieurs minutes et soudain le ciel s’embrasa.

Un énorme cigare orange traversa la voûte étoilée d’Ouest en Est et disparut sous l’horizon. Le phénomène ne durera que quelques secondes.

C’est en silence que nous sommes redescendu à Saint-Nectaire, convaincu d’avoir été témoin de quelque chose d’extraordinaire. Délire collectif, surréaliste ? Imagination débridée ? Nous étions tous certains d’avoir vu ensemble des ovnis !

Depuis, j’ai très souvent regardé le ciel la nuit pour admirer les étoiles. J’ai remarqué que lorsque je regarde trop longtemps un point fixe lumineux dans le noir, un phénomène naturel et involontaire de nystagmus me fait croire qu’il bouge par saccades.

Il y a quelques années, j’ai assisté au retour dans l’atmosphère d’un gros satellite et il m’est apparu comme un objet oblong lumineux rouge-orange traversant le ciel.

Mais pourtant, tout cela n’a pas d’importance. C’était tellement beau, tellement extraordinaire cette folle et merveilleuse journée d’été.