Maisons souvenirs

Le Havre, rue du Mont Joly

Atelier du Hérisson du 25 janvier 2023 – part. 2
Thème : ?

Je suis né au Havre. J’y ai habité jusqu’à mon départ après le bac pour la fac de Rouen. Il n’y avait pas d’études supérieures possibles à cette époque au Havre. C’était Rouen ou Caen. Je n’y suis pas retourné depuis plus de 30 ans.

Rue du Mont Joly. J’ai 4 ans. C’est ma première maison souvenir. Jardin en pente avec une vue magnifique sur Le Havre et son port. Souvenir d’élevage de poussins avec une lampe infrarouge dans la cave hors-sol avec mon père qui bricole. C’est dans cet antre-refuge que je suis devenu bricoleur en regardant mon père, bouche bée, pendant des heures.

Vision du lapin blanc de ma sœur qui court dans le jardin et chasse les poules en liberté. Ma sœur et moi, nous regardons les passants en contrebas qui descendent la rue pour aller en ville. En général personne ne la remonte jamais à pieds, cette rue du Mont Joly, tous prennent le funiculaire. La pente est vraiment trop forte.

La voiture de mes parents est garée sous le jardin, dans une pièce humide et sombre qui a une sortie piétonne directe dans le jardin. La voiture, c’est une traction avant familiale, avec des strapontins dans le sens inverse de la marche au dos des sièges avant. Ma sœur et moi, nous aimons bien nous assoir sur les strapontins, même si parfois cela nous donne mal au cœur.

Un escalier en bas du jardin pour aller sur la rue, avec un haut mur et une porte en bois pleine qui empêche d’être vu et de voir. Heureusement, au-dessus du garage, l’horizon, le port, l’estuaire de la Seine !

Photo souvenir du bonheur de mon enfance. Assis, mon nounours râpé dans les bras, sur les marches du perron de cette maison de trois étages, sourire à mon père qui prend la photo. Le plus drôle, dans cette maison, c’est qu’il y avait une autre porte d’entrée par derrière qui donnait sur le premier étage  ! La maison était située dans un virage en épingle à cheveux !

Avenue Albert premier sur ma mobylette. Mes parents me l’ont acheté pour aller au Lycée, mais tous les soirs, à l’opposé du lycée, j’y vais faire un tour. L’avenue Albert 1er, c’est l’avenue du bord de mer qui va de la porte Océane à Sainte adresse et vers les falaises.

La plage de Sainte Adresse

Depuis mon enfance presque tous les soirs, avec mes parents après l’école, nous faisons l’aller-retour sur cette avenue ma sœur et moi dans la voiture pour regarder la mer avant de rentrer à la maison. Nous n’habitons plus rue du Mont Joly depuis bien longtemps, mais dans le  quartier du Perret reconstruit après guerre, froid, sans âme, mais pourtant classés maintenant au patrimoine mondial de l’UNESCO ! Un comble !

Besoin de la violence des vagues. Besoin de l’odeur iodée du large, besoin de l’horizon sans fin. Besoin du sable à marée basse et de la pêche aux étrilles, besoin des galets et des cabanes de plage, nos lieux de rencontre amoureuse entre ados.

Le bord de mer, le port, les bassins de pleine mer, les grues, les cafés, le vent, la pluie. Ce n’est plus le Havre, mais Helsinki.

J’ai aimé cette ville-port aussi. Elle n’est pas belle, comme n’est pas belle non plus la cité de mon enfance, mais elle est vivante, sensuelle comme elle. Difficile de se soustraire au conditionnement de notre enfance qui nous formate pour la vie.