Thème du jeu (30 minutes) : inventer la recette de ce plat inconnu, le mégoulousoumage, sa préparation, ses ingrédients, ses effets.
Le Mégoulousoumage
Rien n’est plus facile que de réaliser la cuisson du mégoulousoumage. Il suffit de posséder un chaudron de bonne taille et une cheminée qui tire suffisamment, le temps faisant le reste.
Mais le plus compliqué, c’est de trouver tous les ingrédients et, encore plus difficile, de savoir les incorporer au bon moment dans le chaudron.
Ma mère, qui tenait ses talents de sorcière de ma grand-mère, avait étudié la recette sept années consécutives pendant sa vie de jeune adulte avant d’être capable de réaliser ce prodige.
Je vais essayer de vous expliquer comment elle s’y prend, mais il m’est impossible de vous décrire totalement le processus, tant les gestes doivent-être précis et l’instant idéal pour les réaliser, subtil.
Tout d’abord, il faut chasser le dahu une nuit de lune noire et le tuer à minuit, d’une flèche à pointe d’argent en plein cœur. La découpe des cuissots extérieur doit être réalisée avant celle des intérieurs et le sang de l’animal sera récupéré en totalité dans une vessie d’ours brun de trois ans, tué endormi le jour du solstice d’hiver.
Les morceaux de cuissot seront mis à braiser dans la graisse de l’ours dont on a récupéré la vessie préalablement. Il faudra les retourner régulièrement pendant une petite demie-heure sur tous les côtés.
Pendant cette première partie de la cuisson, vous devrez rajouter treize pétales de fleur de farfadet et trois onces de poudre de rognure d’ongles de pieds de troll des bois, à des moments très précis, que je n’ai malheureusement pas noté.
Ensuite il faudra verser dans le chaudron le sang du dahu, un gallon d’eau de fonte de neige éternelle du Mont Hallan, une once de sel des marais du Nord, six gros de poivres des Indes Orientales, treize baies de Juniperus oxycedrus et tous les légumes de saison qui poussent dans votre potager, en quantité suffisante pour un ragoût prévu pour treize personnes.
Après deux heures de cuisson à petit bouillon, le mégalousoumage est prêt. Vous devrez le servir très chaud, dans des plats réalisés avec de la terre glaise consacrée, prélevée le long du mur nord d’un cimetière une nuit de pleine lune, sous peine de voir le ragoût tourner au bout de quelques minutes.
Attention, il est très important de manger alternativement des bouchées de cuissot intérieur et extérieur en quantités égales, sinon vous développerez un pied bot dans l’heure qui suit. Dans ce cas, il vous faudra attendre plus de six semaines avant que l’invalidité ne s’estompe définitivement.
La grande vertu de ce met exceptionnel, c’est qu’il donne à ceux qui le déguste la capacité, digne des mouflons, de gambader sans contrainte ni risque de chute au bord des falaises les plus escarpées !
Notre famille s’en sert tout au long du printemps et au début de l’été pour la cueillette de la tricandimoulette bleue, cette fleur rarissime qui poussent entre ciel et terre sur les parois les plus inaccessibles et que ma mère distille dans son alambic en cuivre des Carpates et incorpore, sous forme de gouttes d’huile essentielle, dans la préparation de son élixir de longue vie.
Si vous voulez en savoir d’avantage sur l’élixir, revenez me voir un peu plus tard, je vous en donnerai le prix et l’usage.